Reboot is the saddest experience.
Ici Skoras, en direct d’un canapé aussi agréable que marron. 🙂
Il se passe quelque chose ces dernières années. Un phénomène que d’aucuns trouvent cool, mais qui personnellement me terrifie. Ou du moins me désole, histoire de faire moins dans le mélodrame. On va être à fond dans la thématique de la sur-utilisation et dérivation d’une licence.
Donc après les Prequels à outrance dont on avait souvent rien à foutre (et qui étaient mauvaises de toute façon), voici le nouveau phénomène : le Reboots.
Alors, un reboot, quand ça n’est pas redémarrer son ordinateur en espérant que ce coup-ci il plantera moins, qu’est-ce donc ?
Dans le domaine de l’audiovisuel et du vidéoludisme, cela consiste ni plus ni moins à prendre du vieux pour faire du réchauffé. Ben oui hein, fallait pas trop espérer avoir du neuf non plus.
Dans l’idée, je dis “pourquoi pas ?”. Après tout, y’a un côté nostalgique à vouloir redorer des vieux blasons. Reprendre des classiques de notre enfance, puis les mettre au goût du jour, c’est souvent payant : on joue sur la nostalgie des vieux, tout en jouant sur le côté branchouille moderne.
Après tout, les films d’animation de Disney ne sont-ils pas quelque part les Reboots des vieux contes de fée ? Ah, j’en vois dans le fond de la salle prêts à se lever et me balancer leurs fauteuils virtuels dans la gueule. N’en faite rien, mes bons amis. J’ai un bouclier imaginaire très efficace, et les fauteuils ne seront pas suffisants. Les lance-flammes non plus d’ailleurs, mais je m’égare.
Donc, je troll en comparant les vieux disney à des reboots. Ce qui va nous amener à la question suivante : le reboot est-il bien ou mal ? Et corollairement, qu’est ce qu’un bon ou mauvais reboot ?
Au risque de faire mon sentimental à deux balles, j’aurais tendance à vouloir dire qu’un bon reboot se fait avec le cœur, là où un mauvais reboot se fait avec la tête. Mais ça serait trop simpliste.
Non, en vrai, un bon reboot se fait avec le cœur et la tête, là où un mauvais reboot ne se fait qu’avec (au choix) une mauvaise équipe de marketing & merchandising, et des choix de production discutables. En bref, l’immense majorité des Reboots, c’est surtout de l’acharnement thérapeutique pour prolonger la vie de licences, voir en ressuscitant des vieilles licences mourante ou déjà mortes.
Exemple rapide pour illustrer mon propos : Maya l’abeille. Qui revient. Hé oui ! Génial hein ? Bah, pourquoi pas en fait. Mais on me fera pas croire que le reboot en 3D de Maya l’abeille, qui reprend du service après 20 ans de repos bien mérité, c’est hype top tendance. Ou alors sinon, les gens qui remettent les rayures jaunes et marrons au goût du jour, ils sont balaises. Nan, c’est surtout comme toutes les utilisations de liences déjà existantes : c’est facile, et pas (trop) risqué. Tiens, d’ailleurs vous saviez, vous, qu’à la base maya l’abeille est une histoire allemande qui date de 1912 ? Donc la série de 1975/1982 était déjà un reboot de la license ! (oui, assez volontairement, et de façon très grossière, j’assimile ici “reboot” et “œuvre adaptée d’une autre”, vous verrez pourquoi après).
Mais bon. Maya c’est mignon, mais c’est pas non plus transcendant au point de vouloir faire survivre la petite abeille, génération après génération de mon point de vue… Et on pourra m’objecter qu’il ne s’agit pas complètement d’un reboot, puisqu’on va faire de nouvelles histoires ! Certes. Mais si les histoires d’une série pour enfant d’aujourd’hui parviennent à être plus percutantes que celles d’une série pour enfant d’il y a 20 ans, surtout quand on parle de Maya, c’est qu’il se sera passé un truc assez incroyable. Enfin bon, wait & see hein, on est jamais à l’abri d’une bonne surprise.
J’allais faire une énumération pareil pour le jeu vidéo (en vrac sonic, mortal kombat, etc), mais au final Gamekult l’a fait mieux que moi. Preuve que je suis pas le seul à voir le phénomène…
Autre exemple de reboot, côté film : “the amazing Spiderman“. Rappel : le dernier film, Spiderman 3 date de 2007. Ça a 5 ans. What the fuck ?! Donc on reboot une licence au bout de 5 ans maintenant ? Alors on me chuchote dans l’oreillette que s’ils l’avaient pas fait, ils auraient perdu la licence, et donc un paquet de thunes. Ben oui, en fait c’est parfaitement logique. Mais c’est dommage…
Et là je reviens au principe de base de mon coup de gueule. En quoi est-ce dommage ?
Ben quitte à faire du business, je préfèrerai qu’on raconte de nouvelles histoires ! Qu’on crée de nouveaux univers ! Plutôt que d’appauvrir la création en restant toujours sur les mêmes plates bandes…
Mais c’est une business plus risqué, plus difficile. Et pourtant, ça serait tellement intéressant ! Entendons nous bien. Je n’ai rien contre les suites, et les relancements de licences en soit. Mais c’est juste que là, comme dirait Astier, “les choix sont dangereusement dictés par la présupposée cible marketing”… au lieu d’être dictés par des envies plus intéressantes, genre au hasard l’envie de raconter des histoires, de faire rêver, de faire évader, de faire réfléchir, etc… (note : l’assimilation de “réfléchir” avec “prise de tête” est aussi selon moi l’un des grands drames de notre époque… et autant que je pourrai, à ma maigre échelle, je me battrai pour faire changer ça !)
Je crois personnellement beaucoup au pouvoir des histoires, et à tous ce qu’on peut en tirer. Les mythes, les contes, et les histoires en général entourent notre vie. Nous nous en abreuvons tous les jours. Même les journaux nous racontent sans cesse des histoires au final ! (même si bon, les faits divers, ou la rubrique people, je pense qu’il y a mieux que ça…) Les histoires ont leur codes, leurs “morales”, leur enseignements. Combien d’entre nous ont adopté les valeurs d’honneur des chevaliers Jedi suite à Star Wars ? Star Wars qui est à la base écrit sur le modèle du conte de fée. Quand on y repense, ce n’est ni plus ni moins qu’un jeune apprenti allant sauver une princesse du méchant chevalier noir. 🙂 Bon, ok, avec des X-Wing et des blaster en plus.
A notre époque, on croit de moins en moins en la science pour résoudre les problèmes du monde. La religion, c’est un truc de fou. Et la philosophie c’est un truc de vieux schnock. Alors qu’est ce qui reste, pour avancer, pour grandir ? Les histoires. Là, le problème, c’est l’appauvrissement des histoires. L’appauvrissement de l’imaginaire. Quand on cherche encore à faire rêver, ce n’est au final que pour alimenter un marché : celui des produits dérivés. Bonjour le cynisme…
Je vais arrêter là mon coup de gueule. Le point est que les histoires, comme le reste de notre monde, s’appauvrissent, perdent en diversité, s’uniformisent… et du coup deviennent de moins en moins intéressantes. 🙁
Néanmoins, un espoir subsiste : il restera toujours des créatifs ayant envie de faire rêver les autres. Et avec les nouvelles technologies internet, on voit de plus en plus d’indépendants (que ce soit dans le jeu video, par les webseries et webcomics, etc.) capables de s’auto-diffuser, hors des circuits commerciaux, au grand désespoir de ces derniers… mais au grand bonheur d’une partie du public. 🙂 Et j’espère sincèrement, de façon optimiste, que ça va aller dans ce sens…
Parce que bon… les Reboots, et les acharnements de licence, c’est quand même triste à pleurer.
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